Volvo Ocean Race - Etape 4 - Jour 18 : Le jour le plus long / Nautique
Avant de pouvoir débarquer sur les quais d'Auckland, Franck Cammas et ses hommes ont encore une journée et demie de mer contre un vent de secteur Sud-Est à Est puissant, qui va se déliter en longeant les côtes néo-zélandaises. La pression reste forte sur leurs arrières avec le peloton qui louvoie et ne rompt pas'
Si Groupama 4 forme l'avant-garde, les Américains, les Espagnols et les néo-Zélandais sont en embuscade ! Ils sont de plus en plus prégnants, affrontant les assauts d'une mer creusée de cratères de plus en plus profonds, des chocs de plus en plus violents dans des vagues brusques et abruptes, des bascules d'un vent qui gronde en frisant les trente noeuds. Le souffle du boulet fait plier les échines et les marins, affamés par le manque de calories (dans cette campagne aux Antipodes, les vivres commencent à manquer) rampent sur le pont pour changer la voilure. Cette ultime bataille dans la mer Tasmane n'a pas encore trouvé son issue. Les éclaireurs français ouvrent la voie dans ce « champ de mines » qui impose nombre de détours, de zigzags, de virements de bord, pour grimper la dernière colline dépressionnaire avant d'apercevoir les reliefs libérateurs de la Nouvelle-Zélande'
Le champ du signe
Il reste encore 300 milles à progresser dans les tranchées liquides qui secouent les gréements, valdinguent les corps, font trembler les structures. Dans ce pilonnement incessant, il n'y a pas d'abri et les projectiles se succèdent sur le pont, ébranlant les troupes qui se planquent derrière un mur de voiles au vent, comme au temps des branle-bas. Le port du casque est obligatoire pour se protéger des éclats d'embruns, de vagues et de lames qui tonnent et explosent sur l'étrave. Mais il y a des signes qui ne trompent pas : le champ de vent qui ondule puissamment sous l'effet d'une perturbation australienne va lentement se ranger et la bise va se métamorphoser en zéphyr quand le cap Reinga émergera à l'horizon.
« Presque tout le monde est sur le pont parce que nous allons encore réduire la toile. Sous grand-voile haute, nous allons prendre un ris dans le génois J2 parce qu'il y a plus de 22 noeuds au près. La brise commence à être plus stable en direction depuis le début de la nuit, mais le vent se renforce progressivement et devrait atteindre 28-30 noeuds avant le lever du jour. Il devrait rester assez fort jusqu'au cap Reinga. Pendant huit jours, nous étions travers au vent avec beaucoup de changements de voile pour s'adapter et, hier seulement, nous avons viré de bord plusieurs fois dans du petit temps. Nous sommes donc assez fatigués. Heureusement, cette nuit nous avons la pleine lune et nous sommes bien éclairés ! Nous allons terminer nos rations quotidiennes de nourriture mais nous avons quand même quelques réserves pour arriver jusqu'à Auckland' » indiquait Yann Riou, le media man de Groupama 4 le jeudi midi 08 mars 2012.
Faire de la résistance
Une fois le cap Reinga paré après quelques virements de bord supplémentaires, il ne restera plus de 180 milles pour arriver à Auckland. L'écart s'est légèrement resserré la nuit dernière. Telefonica, Puma et Camper ne sont qu'à 100-150 milles du tableau arrière de Groupama 4 et l'équipage français va devoir résister jusqu'à la ligne à ce trio. La légère différence depuis hier porte sur le fait que ces trois voiliers n'ont plus beaucoup d'ouverture tactique, car avec 25% d'avance sur un parcours de moins de 500 milles dans un vent stable et durable, leur stratégie va plutôt se concentrer sur la bataille interne qu'ils vont se livrer pour le podium' Les Espagnols sont en pole position depuis qu'ils ont contourné les Américains par l'Ouest car ils ont réussi à se caler devant leur étrave. Le gain oriental de Puma n'est plus que d'une dizaine de milles, ce qui ne semble pas suffisant pour profiter d'un vent qui, en sus, à tendance à s'orienter à l'Est !
D'ici 24 heures, Groupama 4 débordera le cap Reinga et la brise s'apaisera. L'écart pourrait donc s'accroître entre le leader et le triumvirat poursuivant, alors que ce changement de conditions météorologiques va rendre très tendu le finish derrière le voilier français. Ce dernier devrait s'amarrer à Auckland dès samedi matin (ETA entre 6h et 12h UTC) et il devient difficile d'imaginer un retournement de situation. Ce qui pourrait ne pas être le cas entre les trois autres prétendants au podium : Espagnols, Américains et néo-Zélandais n'ont pas fini de s'écharper ! Mais c'est une longue, très longue journée qui s'annonce pour l'équipe française, qui doit veiller à ne rien casser et à assurer une tactique conservatrice au passage du cap Reinga et pour toute la descente vers le golfe d'Hauraki.
Classement de la 4ème étape de la Volvo Ocean Race entre Sanya et Auckland, le 08 mars à 1300 UTC :
1 ' Groupama à 460 milles de l'arrivée
2 ' Telefonica à 108.3 milles du leader
3 ' Puma à 120.80 milles du leader
4 ' Camper à 143.8 milles du leader
5 ' Abu Dhabi à 219.6 milles du leader
6 ' Sanya à 244.9 milles du leader