Thomas Coville : Trajectoire tactique et rapide dans les Cinquantièmes Hurlants / Nautique
Pointé à plus de 1380 milles la veille du "defender of record", Tom le marin ne s'est pas arrêté une minute de bosser dur pendant tout le week-end du 19 et 20 février 2011 contrairement à nous, peuple de terriens. Le fruit de son acharnement doit le réjouir puisqu'il a repris plus de 150 milles à son adversaire virtuel. Le soir,du 18 février 2011, la situation était complexe et sans véritable option pour le skipper de Sodebo qui se bat comme il dit "contre le temps, un adversaire qui ne s'arrête jamais."
En approche des Kerguelen, Tom n'avait pas vraiment le choix du cap à suivre mais pas seulement à cause du chrono. Contraint de plonger au Sud pour éviter la forte tempête qui a balayé pendant 24 heures le Nord-Est de l'archipel avec des vents à plus de 50 noeuds et des creux de 5 à 8 mètres, le skipper a de ce fait nettement raccourci sa route. Forcément plus courte, cette route Sud n'est pourtant pas la plus facile psychologiquement et physiquement.
Les 19 et 20 février 2011, les manoeuvres se sont succédées pour faire avancer au mieux le bateau dans une mer agitée et croisée, des manoeuvres exigeantes et épuisantes en raison du froid polaire. La présence des glaces signalées sur cette zone ajoute, comme on s'en doute, une sérieuse pression qui agit sur le mental du navigateur solitaire creusant son déficit de sommeil et lui offrant seulement quelques courtes et rares périodes de récupération. Dans ces conditions, il est difficile de parler de sommeil, au mieux d'assoupissement, le froid et le stress l'empêchant de dormir.
Les dangers des Kerguelen sont derrière lui, tout comme les dévents causés par l'Ile Heard et les Iles MacDonald qui l'ont ralenti. "Alors qu'il était à plus de 30 milles des îles, Thomas a rencontré des vents erratiques avec des molles et des rafales durant presque deux heures," nous signalait Christian Dumard.
Situé à 4100 kilomètres des côtes australiennes, ce minuscule archipel aussi inhabité qu'inconnu revient à l'Australie en 1947. Découvert et exploité jusqu'à extinction par quelques centaines de chasseurs de phoques qui, entre les années 1855 et 1880, y passent un an voir plus dans des conditions relatées comme effroyables, le territoire est depuis 1997 inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Le matin du 20 février 2011, les quatre routeurs qui se relayent pour suivre heure par heure la progression du trimaran, ont relevé la présence de glaces. Christian Dumard nous explique que "Tom navigue entre deux zones. Il passe dans le Sud d'un iceberg de 5 kilomètres qui s'est fragmenté et dont les fragments ont dérivé vers l'Est et au Nord de deux icebergs détectés à 415 milles dans le Sud-Est du bateau." Entre lui et la terre la plus proche, un désert d'eau balayé par les vents qui tournent sans répit autour du continent Antarctique.