Spindrift racing : Sur un air de record / Nautique
C'est parti ! La grande aventure océanique pour laquelle Yann Guichard, Léo Lucet et les quatre hommes d'équipage de Spindrift racing se préparent depuis si longtemps a débuté à 17 heures (françaises) très précises, à l'ombre de la statue de la Liberté à New York. 2 965 milles nautiques d'Atlantique à parcourir pour rallier Brest. Un petit parcours spectacle a plongé les 5 MOD70 en lice au coeur des difficultés du jour, à savoir s'extraire de la Baie de New York et ses nombreux pièges, courants, sautes de vent provoquées par les grands buildings du New Jersey, et son infernal trafic commercial. Bien placé pour franchir, comme à son habitude, la ligne de départ dans le coup de canon, Yann Guichard s'est pour une fois laissé surprendre par la puissance du courant qui accélère à proximité de Liberty Island. Le ton de cette chaude journée estivale New-Yorkaise était donné. La sortie de la Baie de New York allait se jouer au sang-froid, à la patience, dans l'attente, passé le pont du Verrazano, de l'établissement des puissant flux d'ouest qui doivent propulser la flotte à vive allure vers la Bretagne.
La Krys Ocean Race première du nom va en effet dès le soir du 7 juillet 2012 rencontrer des conditions météos rêvées sur la route des grands records de la traversée de l'Atlantique, avec une dépression vivace en déplacement vers l'est depuis le Labrador, dont les grands et rapides trimarans vont se nourrir pour rallier en une petite semaine la pointe de Bretagne. Remontés et motivés comme jamais au terme d'une semaine New-Yorkaise en tous points positive, avec cette victoire lors des New York Speed matches, Yann Guichard et ses hommes, Léo Lucet, Pascal Bidégorry, Jean-Baptiste Levaillant, Kevin Escoffier et Jacques Guichard, avaient à coeur de briller dès le coup de canon. Bien lancé au bateau comité, Spindrift racing devait couper son élan de peur de franchir la ligne quelques secondes avant le coup de canon. Travers au courant, le grand trimaran perdait son inertie et la manoeuvre de virement de bord dans de tous petits airs s'avérait fort pénalisante.
Sébastien Josse (Groupe Edmond de Rothschild) et Stève Ravussin (Race for Water) s'emparaient du commandement pour remonter vers la bouée de dégagement mouillée devant l'entrée de la marina de North Cove. Le retour des 5 MOD70 vers la ligne de départ et l'embouchure de l'Hudson était émaillé de nombreux épisodes pétoleux, quand aux courants contraires s'ajoutaient les dévents des grands buildings du New Jersey Shore line. C'est donc à petite vitesse et dans des conditions éprouvantes de petits temps sous un chaud soleil que les multis tentaient de rallier l'estuaire du grand fleuve, afin de plonger avec gourmandise dans les flux forcissant de Sud Ouest générés par une dépression en mouvement depuis le nord canadien vers l'Océan. Le pont de Verrazano était franchi après un peu plus d'une heure de course, et c'est en 4ème position très près du leader Musandam-Oman Sail, que Spindrift racing entrait dans le vif du sujet.
12, 15 puis une vingtaine de noeuds au secteur portatif attendent les MOD70. Un carburant idéal en force comme en direction pour voir dès ce soir de quelles vitesses et de quelles moyennes ces incroyables machines sont capables, sur un océan que le passage de la dépression n'aura point encore dérangé. Yann Guichard et ses hommes vont s'appliquer à se placer le mieux possible sur cet échiquier, afin de soigner leurs trajectoires et maintenir le plus longtemps possible la vitesse la plus élevée, sans jamais pour autant « se mettre dans le rouge ». « La difficulté est de savoir placer le curseur de la performance » se plait à répéter le skipper de Spindrift racing. L'émulation extraordinaire provoquée par des trimarans géants d'un même design impose sur chaque skipper la même pression et il va falloir à chaque équipage durant les prochaines 48 heure de course une belle dose de sang froid et de lucidité pour ne pas tenter le diable trop vite, en repoussant au delà du raisonnable le moment de choquer ou de réduire la toile.
On l'a compris, la Krys Ocean Race part, au moins pour les deux prochains jours dans des conditions idéales pour établir un temps record sur l'Atlantique. Une route que l'équipage de Spindrift racing connaît bien, à commencer peut-être par Pascal Bidégorry qui détient avec le Maxi trimaran Banque Populaire V le record absolu sur la distance (3 jours, 15 heure et 25 minutes en 2009). Si ce temps ne constitue certes pas l'objectif de la semaine, la bonne gestion de la dépression en cours et l'anticipation sur le déplacement vers le nord de l'anticyclone des Açores décideront du temps de course final. Car à la différence de la chasse au chronomètre, la Krys Ocean Race impose aussi la pression d'une concurrence féroce. Monotypie des bateaux, accès rigoureusement identique aux même fichiers météo' c'est bien à armes égales que les Michel Desjoyeaux (Foncia), Stève Ravussin (Race for water), Sébastien Josse (Groupe Edmond de Rothschild), Sidney Gavignet (Musandam - Oman sail) et Yann Guichard vont négocier l'Atlantique Nord.
Des options de route sont-elles envisageables ? Des différences de performances apparaîtront-elles entre les monotypes ? Qui seront les hommes forts de ce début de course ? Des éléments de réponse avec les premiers pointages.