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L’arrivée du maxi trimaran Sodebo skippé par Thomas Coville - Nautique / Foxoo
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Source : #6201 Publié le 01/04/11 | Vues : 106

L’arrivée du maxi trimaran Sodebo skippé par Thomas Coville / Nautique


Le soir du 31 mars 2011, Thomas nous a offert un très beau moment, comme il sait le faire. La nuit tombait quand le flotteur tribord, avec son étrave mise à nue, s'est aligné doucement le long du quai des pêcheurs de La Trinité-Sur-Mer. "Quand tu le vois là, tu te dis que c'est simple finalement," remarque le marin qui regarde depuis le ponton ce bateau qui a été son "compagnon pendant 60 jours, tu l'humanises souvent mais quand tu es loin, il est surtout ton abri, ta survie."







Quelques minutes plus tôt, le skipper levait la tête, regardant le public. Les larmes aux yeux, il croisait le regard de ces anonymes venus écouter le récit d'un marin de retour d'un tour du monde en solitaire qui aura duré deux mois. Et il leur a donné. Il a assumé le rituel du champagne même s'il admet que "cela est plutôt réservé aux victoires." Le bouchon casse, alors ça finit au couteau, en sabrant la bouteille avec la lame du bord, celle qui ne le quitte jamais. "Ce champagne, c'est pour ceux qui tentent, dans la vie il faut tenter les gars !"



Il arrose l'assistance, boit une gorgée avant de donner cette bouteille à ses proches, aux membres de son équipe et à cette famille Sodebo qui est là, toujours, fidèle, aimante et émue. Puis le marin prend le micro. "Quand on est arrivé à Ouessant ce matin, le chronométreur ne m'a même pas vu. C'est moi qui lui ai donné le top," commence-t-il. "Et en arrivant tout à l'heure au Trého (avant le chenal de La Trinité), c'est comme une ardoise magique. Vous savez l'ardoise des enfants où tu gribouilles et où tu peux tout effacer en passant le petit rail ! Elle remet les compteurs à zéro d'un seul coup. Et bien là, l'ardoise magique c'est vous ! C'est aussi ma femme, les enfants, cette famille Sodebo, cette entreprise avec qui on a construit cette aventure. C'est beaucoup d'humain. Mais même si je fais le mariole là devant vous, je suis un compétiteur et ça fait mal."

Puis il revient au début. Il raconte Sainte-Hélène où il a pensé rentrer, cette montée face au vent jusqu'aux Kerguelen "aller là-bas au près, c'est cinglé." Il revient bien sûr sur ce bord sous les glaces "ma fierté, même si ces routes là, il ne faut pas les faire." Des voix s'élèvent, haranguent le marin qui répond simplement, sans détour. Dans la nuit noire, autour de lui, l'ambiance serait presque celle d'un salon confortable où l'on se raconte des histoires de mer au coin du feu. Une voix demande, et ce planté à Ouessant ?! "Ah là, c'est sûr, si tu te retournes à Ouessant, t'as l'air d'un con mais je me souviens d'un autre où le bateau s'est cabré carrément à la verticale, j'étais debout sur la colonne (de winch) et là, c'était dans l'Atlantique Sud et si tu te retournes, t'as pas l'air con, t'es juste très mal."

Le skipper de Sodebo qui s'est attaqué pour la troisième fois "à cette route parfaite" tracée par Francis Joyon a rendu hommage à celui qui reste l'homme le plus rapide autour du monde à la voile en solitaire. « Je n'ai pas battu le record d'un très grand monsieur ! Le principe d'un sportif, d'un athlète, est de respecter son adversaire et ce temps de référence, qui est extrêmement difficile, il a été fait par un homme exceptionnel qui s'appelle Francis Joyon. Et je pense être l'un des seuls à le respecter à sa juste valeur parce que j'ai joué avec lui et contre son temps. Ce mec, il a galéré pendant des années, je l'ai vu ici à La Trinité. Les mecs exceptionnels sont ceux qui sont au bon endroit au bon moment, et ce monsieur a fait un tour du monde parfait. Je dis un grand bravo ce soir à Francis Joyon."

A son arrivée victorieuse à Brest en 2008, Francis remerciait la nature. "Elle m'a laissé passer," répétait-il. Thomas sait que ce n'est pas une formule en l'air : "Il faut accepter la loi de Mother Nature comme disent les anglo-saxons. Celle qui n'a pas souhaité nous offrir ce record, mais je suis là ce soir, alors je me dis qu'elle a eu la gentillesse de me laisser rentrer. Elle ne m'a pas gardé."

Puis il regarde Alain Gautier, sur le quai avec son fils, Tom. "Alain m'a donné envie. A chaque fois qu'il monte sur un canot, il a la banane et ça fait 30 ans que ça dure ! C'est lui qui m'a donné envie quand il a gagné le Vendée Globe sur Bagage Supérior (1992). C'était le plus beau des sourires. Ce mec qui lève les bras... je me suis dis "un jour, j'aimerais ressentir ça !"

Une nouvelle voix s'élève "la prochaine fois Tom !" Le marin répond : "ça serait rouler des mécaniques que de vous regarder là et de vous dire, mais si, j'y retournerai. Aujourd'hui, c'est un tel engagement que je ne peux pas vous répondre maintenant."

Thomas Coville débarque enfin. Enchaîne les embrassades, les empoignades. Sa maman, sa soeur, ses amis, ses complices et Lionel Lemonchois, Fred le Peutrec, Yann Eliès, Yvon Berrehar, ces autres marins qui savent.

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